- Olivier (à voix basse et sûr de
lui) : Bah ils font comme tout le monde, ils rentrent chez eux pardi !
- Camille (méprisante) : Pffff !
Si tu crois encore que les Anims sont de vraies personnes, t’es qu’un gros naïf
qui se met le doigt dans l’oeil jusqu'au cervelet.
- Olivier (moqueur) : Si c’est pas des vrais gens, c’est quoi ?
Des végétaux ? Des minéraux ? Des objets en pâte à modeler ? Des
insectes ? Des poulets fermiers ? Des elfes du Père Noël ? Non
je sais, c’est des zombies cannibales. Et chaque soir après l’école, ils dévorent
un enfant tout cru, avant de rentrer dormir au cimetière.
- Camille (agacée) : Arrête de
raconter n’importe quoi.
- Olivier : Le mieux c’est de
leur demander, pour en avoir le cœur net, qu’est-ce que t’en penses ?
- Camille (inquiète) : Non
surtout pas ! Fais pas ça s’te plait !
- Olivier (en se rapprochant d’un des
adultes) : Anissa ! Est-ce que c’est vrai que t’es pas une vraie
personne ?
- Anissa (d’une drôle de voix qui
devient de plus en plus grave) : Bien sûr que je suis une vraie personne,
tout ce qu’il y a de plus normale… Mais je me demande qui a bien pu te mettre
cette drôle d’idée dans la tête ?
- Olivier (en regrettant d’avoir
posé cette question) : Euh… personne ! C’était une question pour de
rire.
- Anissa (avec une grosse voix caverneuse
et carrément flippante) : Eh bien cette question ne me fait pas rire du
tout. Maintenant rentre chez toi !
- Les animateurs (en chœur, avec une
voix de plus en plus grave, et un bruit de portail qui s’ouvre en grinçant) :
Allez les moufflets, du balai et à demain !
(Ambiance sonore de foule enfantine,
qui sort de l’école et s’éloigne)
(Bruit de pas dans la neige et vent
qui souffle)
- Olivier : Bon d’accord, Anissa
est vraiment trop bizarre, mais les autres ont l’air normal.
- Camille : Les autres sont
encore pires.
- Olivier : Comment tu le
sais ?
- Camille : Ca fait un mois que
je les espionne tous les soirs après l’école. Et je peux te dire que ce ne sont
pas de vraies personnes.
- Olivier : Alors, ils sont
quoi ?
- Camille: Si je te le dis, tu vas pas
me croire. Le mieux, c’est que tu les vois de tes propres yeux. Viens,
retournons à l’école pour les espionner et les suivre.
- Olivier (effrayé) : Non ma mère
m’attend.
- Camille : Menteur, ta mère travaille
jusqu’à 21h30. En vérité, t’as la trouille.
- Olivier : Bon, bon,
allons-y ! Mais je dois être rentré avant 21h30, car si ma mère se rend compte que je suis pas
rentré tout de suite après l’école, elle se transforme en dragon et elle me tue
sur place.
- Camille (l’air mystérieux) : Décidément
ils sont partout…
- Olivier : Qu’est-ce que tu veux
dire par là ?
- Camille : Rien ! Allons-y !
( Bruits de cavalcade dans la neige)
Scène
II : Ca commence à chauffer
Voix off : Camille et Olivier
sont de retour devant l’école. A l’abri derrière un petit muret ils espionnent
leurs animateurs qui sont encore à l’intérieur. De la buée a recouvert les
vitres de l’espace éducatif et empêche de distinguer quoi que ce soit à
l’intérieur, si ce n’est cette étrange lumière rouge orangé qui éclaire la
nuit…
- Olivier : C’est quoi toute
cette buée ?
- Camille : Quand ils commencent
à se transformer, ça chauffe et ça fait de la buée.
- Olivier (inquiet) : Ils se
transforment en quoi ?
- Camille (l’air mystérieux) : Ca,
tu le découvriras bien assez tôt… Attention ! Ils sortent, reste à
couvert !
(Bruit de portail qui s’ouvre et se
ferme en grinçant, bruits de gens qui sortent en discutant avec des grosses
voix caverneuses.)
- Olivier (en chuchotant) :
Regarde ça ! C’est incroyable, lorsqu’ils marchent dans la neige, elle se
transforme en vapeur d’eau… (bruits d’eau qui s’évapore ), comme lorsqu’on
jette de l’eau sur une surface brûlante)
- Camille : Qu’est-ce que je te disais,
ça chauffe…
- Olivier : Ca brûle tu veux
dire, et quand ils ouvrent la bouche, on dirait que leur langue est en feu.
- Camille : Tu crois pas si bien
dire… Suivons-les sans bruit.
- Olivier : Où vont-ils ?
- Camille : Au château d’eau qui
est dans le parc. C’est là qu’ils habitent, et c’est de là qu’ils prennent leur
envol.
- Olivier (impressionné) : Ils
savent voler !?
- Camille : Evidemment qu’ils
savent voler, tout le monde sait que les dragons savent voler…
Scène
III : Le vol des dragons
Voix off : Les 6 animateurs sont
au pied du château d’eau. Un à un, ils se transforment en dragons majestueux,
puis s’envolent à tire d’ailes. Recroquevillés derrière une souche d’arbre, les
deux enfants observent ce spectacle fascinant.
- Camille : Regarde comme ils
sont beaux, et profite du spectacle, ils vont bientôt s’envoler et disparaître
dans le ciel.
- Olivier : Quand je vais
raconter ça demain, dans la cour de récré, personne ne voudra me croire.
- Camille (en colère) : Tu
raconteras rien du tout ! C’est un secret qui doit rester entre nous. Jure
croix de bois croix de fer que tu garderas ce secret-là jusqu'à la fin de tes
jours, et crache !
- Olivier (en crachant et en jurant) :
Je le jure. Oh ça alors, un animateur vient de se transformer en dragon à deux
têtes.
-
Camille : La première tête s’appelle « Gilles », la seconde
s’appelle « Tourette ».
-
Olivier : Au fait, comment tu sais tout ça ?
- Camille : Les dragons racontent
leur vie chaque fois qu’ils se transforment. Ecoute, c’est trop rigolo et
instructif.
- Gilles : Je suis Gilles, je
suis Intelligent, manipulateur et toujours dans les coups fourrés.
- Tourette : Je suis Tourette, je
suis suiveur et un peu babâche.
-
Gilles : Je tente de conquérir la planète, mais je dois d’abord me
débarrasser de Tourette ce qui n’est pas facile vu qu’ont à le même corps.
- Camille : Le deuxième qui
s’envole, il s’appelle Grago le dragon amovible, c’est le plus gentil de
tous.
-
Graco : Je suis Graco, le dragon en kit. Je crache du feu, je vole et me
sépare en plusieurs parties pour me camoufler et me cacher de mes ennemis. Je
suis gentil, attendrissant, doux et naïf. Un moine chinois m’a créé il y a dix
mille ans en mélangeant cinq potions magiques juste pour le plaisir de mélanger
cinq potions magiques.
-
Olivier : Incroyable, il vient de se séparer en huit morceaux qui partent
chacun de leur coté. (Bruits de battements d’ailes qui s’éloignent dans le
ciel)
- Olivier : Oh là là, celui-ci
est immense et noir comme de l’encre de Chine
- Camille : Justement, c’est
Shiryu le dragon d’encre, il est né au Japon.
- Olivier : Je me demande de quoi
se nourrit un dragon d’encre ?
- Camille : Chuuuuut !
Ecoute-le, il va tout expliquer.
-
Shiryu : Je suis né d’une goutte d’encre. Je suis un dévoreur d’encre, et je
peux me glisser dans n’importe quel ouvrage et dans les peintures faites
d’encre. Je ne suis pas méchant mais gourmand. Je ne sais pas contrôler ma faim
et plus je mange, plus je grandis. En quelques jours, j’ai dévoré la quasi
totalité des livres du Japon et je suis devenu plus grand que la tour de Tokyo.
Lorsque la petite Ziyi s’est mise à pleurer, je me suis arrêté de manger :
Je ne supporte pas d’entendre les enfants pleurer. Je lui ai demandé pourquoi
elle pleurait et elle m’a expliqué que son livre préféré, dernier cadeau de sa
mère, était complètement vide. Devant la tristesse de la petite fille, j’ai
décidé de rendre toute l’encre que j’avais volé et je suis redevenu aussi petit
que la plus petite des gouttes d’encre. Depuis je me régale de l’encre des
prospectus et je suis redevenu énorme, mais plus personne
ne souffre de ma gourmandise. (Bruits de battements d’ailes qui s’éloignent
dans le ciel)
-
Olivier : Cet autre-là, est recouvert de pustules rouges. Il est
malade ?
- Camille : Oui c’est ça, il est
malade du malheur des autres.
- Olivier : Ah beurk trop dégueu.
-
Dragon à boules : Je suis Dragon Boules, le dragon à boules. Il y a bien
longtemps, j’étais un roi tyrannique du nom de Thierry V, et je persécutais les
Hellemmois. Un jour, un mage, qui avait entendu parler de moi, décida que pour
me punir, je serais condamné à incarner un dragon pour le reste de mon
existence. Ma mission serait de protéger toutes les personnes à qui j’ai fait
du mal en absorbant leurs malheurs et leurs maladies qui se transformeraient
aussitôt en boules recouvrant mon corps. (Bruits de battements d’ailes qui
s’éloignent dans le ciel).
-
Voltige : Je suis Voltige le dragon léger…
- Camille : Celui-là, c’est un
vrai poète.
- Voltige : Je suis un dragon des
cieux, né de la fusion quasiment parallèle de deux nuages. Certes, je suis un
dragon mais je suis presque aussi léger qu'une feuille virevoltante d'automne.
Mon esprit libre me rend indomptable. Je veille à ce qu'après chaque pluie, les
arcs-en-ciel se manifestent afin d'apporter du réconfort au petit monde. Mes
fonctions principales ne sont donc pas des plus insignifiantes. (Bruits de
battements d’ailes qui s’éloignent dans le ciel).
- Olivier : Bon, c’est pas tout
ça mais moi faut que je rentre sinon ma mère va se transformer en dragon
découpeur de Môme en quatre et me massacrer.
- Camille : Attend, il reste un
dragon, qui n’a pas encore pris son envol. C’est Miyo le dragon né sans écailles.
Miyo : Une légende raconte que
tous les mille ans, un dragon nait sans écailles. Il devra parcourir la terre
entière à la recherche de ces dernières tout en apportant la joie et la paix où
il passe. Je suis né sans écailles donc, armé de toute ma volonté et de ma
bonté, j’accomplis ma quête : récolter les écailles dorées pour recouvrir
mon corps et insuffler la paix et la joie dans le monde entier. Mais de nos
jours, la tâche est bien difficile…
- Camille : La légende veut que
117 écailles dorées soient dispersées de par le monde, et il les a presque
toutes trouvées. Regarde comme elles brillent dans la nuit.
- Miyo (l’air sévère) : 118 pour
être précis.
- Olivier : On est repérés,
fichons le camp.
- Camille : Te fatigue pas, en
deux coups d’ailes il te rattrape.
- Miyo : S’il m’a fallu mille ans
pour retrouver presque toutes mes écailles dispersées au quatre coins du globe,
il ne va pas me falloir plus de 10 secondes pour vous mettre mon pied aux
fesses si vous ne vous dépêchez pas de rentrer vous coucher…
(Bruit de deux enfants qui détalent
dans la neige)
Epilogue :
Voix off : La nuit tombe sur
l’espace éducatif Sévigné-Berthelot. Deux garçons, Olivier et Sébastien
discutent à voix basse en attendant que les animateurs ouvrent les portes pour
les laisser rentrer chez eux.
- Olivier (à voix basse) : Est-ce
qu’au moins tu sais où vont les animateurs, le soir après l’école ?
- Sébastien (à voix basse et sûr de
lui) : Bah ils font comme tout le monde, ils rentrent chez eux pardi.
- Olivier (méprisant) :
Pffff ! Si tu crois encore que les Anims sont de vraies personnes, t’es
qu’un gros naïf qui se met le doigt dans l’oeil jusqu'au cervelet…